“Dans un monde où la mort est le chasseur, mon ami, il n’y a pas de temps pour les lamentations ou les doutes. Il n’y a que le temps pour les décisions”
Carlos Castaneda, Journey to Ixtlan
Citations chamanisme et citations spirituelles
La création digitale qui accompagne cet article est un hommage à la fois à la médecine du loup mais également au Dieu Chacal Anubis, gardien des portes de l’infra-monde et qui se chargeait de faire passer les âmes de morts pour les présenter devant les Dieux.
Bon, aujourd’hui vous l’aurez compris, j’avais envie de faire un petit post sur le thème de la mort. Le thème étant vaste, ce billet de blog ne prétend pas, bien entendu, l’épuiser mais simplement jeter quelques bases de réflexion sur le sujet.
J’ai conscience que pour nombre d’entre nous la mort ne soit pas le sujet le plus joyeux qui soit et pour certains son évocation rime même souvent avec morbidité mais dans toute spiritualité, comme pour une vie sereine et intense, nous avons en charge de dépasser nos peurs. Je vous propose donc de faire une incursion du côté de la peur ultime et primale et finalement de regarder la mort en face pour voir quelle leçon de vie elle peut nous enseigner.
L’ILLUSION D’ETERNITE : POUR VIVRE HEUREUX, VIVONS CACHES
Nous sommes dans des sociétés qui occultent la mort. Elles la mettent en scène, elles en jouent beaucoup à l’écran pour la théâtraliser mais au fond elle reste quelque chose de relativement aseptisé et d’abstrait. Un petit voyage en Inde, à Madagascar ou dans le moyen âge vous en ferait rapidement la démonstration. De nombreux auteurs ont écrit sur le statut contradictoire du deuil dans les sociétés catholiques occidentales qui privilégient d’un côté la conception de la mort comme un passage vers un ailleurs paradisiaque et dans le même temps le ritualise comme un événement brutal et de souffrance. En général aussi on cache les défunts aux enfants dans nos civilisations et d’une certaine manière, avec notre façon de cacher nos anciens dans des hospices, nous voilons aussi de ce côté ci la fin de vie et l’approche de cette mort qui nous fait finalement si peur. De la même façon, la veillée des morts reste une pratique populaire dans certaines cultures chrétiennes et latines mais sauf erreur de ma part elle n’est plus que peu pratiquer en France et dans d’autres pays d’Europe.
Bien sûr et c’est inévitable, nous avons tous croisé la mort à travers des proches ou des amis. Dans ces cas-là, au delà de la secousse émotionnelle et de la perte d’un être cher, elle nous a souvent remis en face à la nature éphémère de notre propre vie. Les priorités se sont peut être alors remises en perspective et l’on a pu se dire à ces occasions qu’il y avait certaines choses que l’on devait vraiment faire avant que “ça nous tombe dessus”. Pourtant et souvent, les semaines passant et une fois que l’événement s’éloigne, on recommence à faire comme si on avait tout le temps devant soi pour se réaliser et pour repasser en arrière plan les priorités qu’on a vraiment au fond de soi. Le quotidien petit à petit nous dévore et l’on se réfugie dans sa tiedeur. Finalement, on se remet à faire comme si l’on avait toute l’éternité devant soi et la quête de sens ou du “bonheur” avec sa nécessité impérieuse et toute son urgence se retrouvent repoussée à un lendemain qui ne vient jamais ou pire l’on se résout au fatalisme.
Il faut pourtant quand même bien comprendre que du premier souffle jusqu’au tout dernier, il n’est jamais trop tard pour se relever, pour avancer et pour accomplir ce qui de tout temps nous a fait rêver et qui se niche au fond de notre coeur et la conscience de la mort peut nous rappeler cette urgence et nous donner l’énergie nécessaire pour cela.
LA VIE EST UNE CHANCE A SAISIR
Dans le chamanisme, la mort n’est qu’une étape et entre elle et la naissance, il n’y a qu’un chemin d’élévation et d’évolution. Le devoir sur la voie du chamane, comme l’était celui du mage égyptien déjà il y a des milliers d’années, est d’élever sa conscience jusqu’au divin pour entrer consciemment dans la mort. Pour renaître au chamanisme ou à la spiritualité, il faut aussi souvent “mourir”. On retrouve aussi cette notion de mourir pour renaître dans le nouveau testament également. Dans la spiritualité, il y a toujours quelque chose à tuer en soi pour s’élever, cette chose qui justement fait écran entre nous et le principe divin et qu’on appelle aussi la forme humaine ou l’Ego. “Tuer” sa forme humaine c’est entrer dans l’éternité pour le chamane comme pour le chrétien.
L’incarnation, la vie, l’entrée de la conscience dans la matière pour l’être spirituel est une occasion unique d’évolution et d’expérience. La vie est une chance véritable à saisir. Le chamane n’oublie jamais le privilège énorme que l’incarnation représente et chaque nouvelle respiration est un miracle et une occasion pour lui de ressentir de la gratitude pour le faisceau de circonstances, le destin, les anciens, les Dieux et le chemin qui lui ont permis de se trouver en ce moment précis sur cette terre dans un corps de matière et de chair en vue d’un accomplissement précis.
Il résulte de cela que pour le mystique, le saint, le chamane ou l’être qui prétend être sur un chemin spirituel, la mort est un point de repère d’importance majeure. Il est au monde pour sauver les autres et le monde et la mort lui rappelle l’urgence de faire de cette vie terrestre et de cette incarnation un chemin d’apprentissage et d’élévation incessant. C’est une alliée, une conseillère qui se tient toujours à ses côtés et cette vérité est une constante dans toutes les mystiques et les pratiques spirituelles élevées. Vous la retrouverez dans toutes les pratiques chamaniques comme dans le bouddhisme Zen et Taisen Deshimaru disait souvent au risque de faire peur à certains de ses disciples neophytes “faire zazen c’est comme s’assoir tous les jours dans son cercueil” (zazen : la méditation assise en lotus)
Dans le chemin spirituel, la mort n’est pas une idée abstraite c’est une mesure de temps qui permet l’avancée sur le chemin et nous fait comprendre à chaque instant, qu’il n’y a justement aucun instant à perdre et dans ce sens elle éclaire le chemin. Je vais reprendre ici cette citation merveilleuse de Castaneda déjà mentionnée par ailleurs sur ce blog et qui résume tout.
« Pour moi, le monde est étrange car il est magnifique, impressionnant, mystérieux, insondable, mon intérêt a été de te convaincre que tu dois assumer la responsabilité d’être ici, dans ce monde merveilleux, dans ce merveilleux désert, en ce merveilleux instant. Je tiens à te convaincre que tu dois apprendre à faire compter chacun de tes actes, puisque tu vas être ici-bas pour un trés court instant, trop court, en réalité pour être témoin de tous ces merveilles. »
Les enseignements chamaniques de Don Juan.
Carlos Castaneda, Voyage à Ixtlan
Citations chamanisme
LA VOIE DE L’ACCOMPLISSEMENT
Pour sortir du chamanisme et revenir à tout un chacun, vivre dans la conscience positive de notre nature éphémère en tant qu’être incarné – cette conscience de la fin inéluctable de notre être de chair, qui certainement nous différencie des animaux – est vraiment ce qui peut nous faire comprendre combien chaque moment compte et combien la recherche de sens est importante.
Avant d’entrer dans la voie spirituelle de plein pied et de la pratiquer chaque jour avec conscience, et d’aussi loin que je me souvienne, j’ai fait souvent cette exercice de me projeter à l’instant de mon dernier souffle pour examiner si j’étais en phase avec mon être profond et avec le sens de ma venue en ce monde. Est-ce que je pourrais mourir sans regret dans les minutes qui viennent? A chaque fois que j’ai senti que quelque chose n’allait pas, cela a pu prendre la forme d’un peu de panique quelquefois , je savais que je devais changer quelque chose par rapport à mon chemin de vie et que je n’étais pas sur le bon chemin, ni à ma place là où j’étais. Je n’y trouvais aucune morbidité mais bien plutôt l’énergie nécessaire pour opérer certains changements et me rapprocher du chemin du coeur. D’une certaine manière j’ai toujours ressenti cette urgence.
Cette notion d’accomplissement qu’on ressent quand on est au bon endroit et qu’on avance sur le chemin du coeur en relation avec sa nature profonde n’a rien à voir avec les ambitions consuméristes et les artifices que la société nous matraque et elles paraissent toutes bien futiles quand on les examine depuis son lit de mort : devenir riche, avoir une belle voiture, être admiré, entrer en compétition, sortir du lot, etc. Le sens de notre venue au monde, le bonheur véritable et la réalisation de soi se nichent dans des choses beaucoup plus simples, plus pures et plus profondes. Il faut gratter au delà du vernis et je le dis aujourd’hui la société ne met que peu de choses en place qui servent l’intérêt des individus et la réalisation de leur être véritable. Ce sont des illusions qu’il faut évidemment dépasser avant de se lancer dans l’exercice. Si vous rêvez encore de devenir millionnaire, encore un petit effort, vous n’y êtes pas encore. Puissiez vous éviter ce détour et cette perte de temps précieux simplement pour en éprouver la futilité.
Cette voix là donc qui vient de notre nature “finie” et de notre incarnation temporaire (pour chacune de nos vies au moins) est très précieuse et il faut apprendre à l’écouter sans peur. Au fond, la grande majorité d’entre nous sait que nous ne sommes pas venus sur cette terre par hasard et que la notion d’accomplissement est au centre de notre venue.
Panchito, le merveilleux chamane espagnol disait quelque chose comme : “Nous savons pourquoi nous sommes venus là, tout ce que nous devons faire est de nous en souvenir et une fois que l’on se souvient, ne pas dévier de cela.”
L’homme est un être social, il naît au monde dans une communauté qu’on appelle l’humanité et il naît au monde avec une mission et la charge de s’en souvenir, Bien souvent cette mission s’inscrit dans la communauté et il porte une responsabilité vis à vis d’elle. Chaque instant compte. Comment ferons-nous chacun de demain un jour qui fait sens pour soi et pour les autres? C’est le défi ultime que la vie, entre la naissance et la mort, a mis entre nos mains.
Merci de votre lecture!
Une journée pleine de joie, d’amour et de sens dans le respect de votre vérité profonde.
Fred
medecineman.com
PS : pour ceux qui parle anglais je mets un lien vers une video d’intérèt. Elle vient d’un biologiste qui est en train de démontrer scientifiquement ou en tout cas d’émettre l’hypothése scientifique suivante et de l’étayer. “la science des quantums prouve que la cosncience à la mort du corps passe dans un autre continuum et ce qu’il appelle “un autre univers”. Je ferais un de ces jours une traduction de tout ça un peu plus fournie en français. : http://www.youtube.com/watch?v=n0c6LeCVSVc